Dans cet épisode, on explore la manière dont les problèmes sont niés ou minimisés, en particulier dans les organisations et les entreprises. Je suis moi-même invitée dans ce podcast et je prête ma voix à J'vois pas où est le problème, souvent invoqué par les dirigeants dans certaines équipes et organisations que j'ai pu accompagner.
J'vois pas où est le problème est interviewé par Clémentine Perrier, qui est formatrice, responsable du développement de l’association L’Étincelle du Soin, praticienne narrative et improvisatrice. Nous nous sommes rencontrées lors de la fête annuelle du Labo Narratif, où elle avait interprété plusieurs saynètes qui m’avaient profondément marquée. Son jeu d’actrice et ses qualités de praticienne narrative m’ont véritablement impressionnée. Merci Clémentine de ton aide.
Je vous souhaite une Bonne écoute !
J'vois pas où est le problème estce personnage qui incarne pour moi le déni systémique des problèmes dans les organisations et la société. J'avoue lui avoir taillé un costume largement caricatural du mec cool de la Silicon Valley, suffisant et sûr de lui. Il se complaît dans les cultures d’entreprise policées, où tout semble fonctionner sans accroc, du moins en apparence.
Son mantra ; "Moi je crois profondément qu’il n’y a pas de problème, je crois que les problèmes sont seulement liés à des personnes." "Je suis bien dans les entreprises où l’on parle de performance et de croissance, pas des problèmes."
Il intervient dans les entreprises, surtout auprès des dirigeants, pour afficher une façade de normalité et d’efficacité. Il rend évident l'idée que les problèmes sont liés aux individus, pas à l'organisation elle-même, la preuve "il suffit de virer ces personnes pour que le problème disparaisse"
Sa plus grande force est de minimiser et de décrédibiliser les dénonciations de harcèlement, de sexisme ou d’injustice sociale.
"Le harcèlement, c’est lié à des comportements individuels. L’organisation, elle, n’a pas de problème." "Les dirigeants sont rassurés quand j’arrive, on va pouvoir parler des choses sérieuses."
L'allié avec lequel il aimerait collaborer, voire fusionner, au regard de l'actualité, est définitivement "le problème, c’est les gens", désignant ainsi les minorités, les immigrés, les homosexuels, les sans-emplois, coupables des maux de la société et de ce qu'ils leur arrive...Il a des "amis" comme "Secret de famille" et "Tabou", qui oeuvrent avec efficacité à dissimuler des sujets sensibles, surtout dans le cercle familial.
Il apprécie particulièrement les consultations publiques, surtout lorsqu'elles soulèvent tant de problèmes que la confusion finit par diluer les véritables problèmes, ou bien à l'inverse, lorsque l'organisation finit par s'auto-censurer et les problèmes des victimes invisibilisés.
"On a organisé une consultation publique et à la fin, il n’y avait que trois problèmes ridicules." "Quand des cellules de parole sont mises en place, on peut lancer une propagande pour minimiser leur impact."
J'ai appris grâce à cette externalisation que confronter frontalement "Je ne vois pas où est le problème" peut être contre-productif. Travailler en amont avec les dirigeants pour les faire partciper plus activement à l'identification des problèmes, et moins faire appel aux diagnostics extérieurs et montants du systèmes. Cultiver une culture d’écoute continue au lieu de la restreindre à des espaces spécifiques.
"J’ai trop souvent voulu le confronter frontalement, mais ça le renforce." "Il faut favoriser l’écoute quotidienne au sein des organisations."
La plus belle citation du podcast à propos de J'vois pas où est le problème vient de Clémentine : "Il a une vraie capacité à éteindre les gens, à camoufler la résistance."