Cette semaine, nous nous intéressons à la place des réseaux sociaux dans les campagnes présidentielles et l’influence qu’ils ont sur le vote des Français. Marine Le Pen sur TikTok, Jean-Luc Mélenchon sur Twitch, Emmanuel Macron avec sa série Le Candidat sur YouTube, Eric Zemmour et son équipe chargée d’écrire sa page Wikipedia… Chaque candidat a sa stratégie sur les réseaux sociaux. Que visent-ils ? Qu’est-ce que ça rapporte ? De l’attention médiatique, des intentions de vote ?
Une fois n’est pas coutume, nous faisons une infidélité aux chercheurs du Cevipof. Nous interrogeons Dominique Cardon, professeur de Sociologie à Sciences Po et directeur du Medialab, un laboratoire de recherches fondé il y a douze ans, parti du principe que le numérique et les technologies numériques étaient un nouvel instrument pour les sciences sociales.
Pour Dominique Cardon, il est clair que les réseaux n’ont pas d’impact direct sur le vote des Français. En revanche, ils influencent fortement une certaine catégorie de Français : les journalistes. Si Twitter n’est utilisé que par 5% des Français, il est en revanche très consulté par les trois-quarts des journalistes de la place de Paris. Résultat : ce réseau peut influencer les choix des sujets abordés dans les rédactions, à la télévision par exemple, un média, lui, très consommé en période de forte actualité politique. Il peut donc contribuer à mettre en avant certains thèmes politiques, comme cela a été le cas tout l’automne, lorsque l’immigration a été au cœur des discussions, en raison notamment de l’influence d’Eric Zemmour sur les réseaux sociaux.
Twitter, par ses clashs, est donc parvenu à attirer suffisamment l’attention pour imposer certaines thématiques de débat. Pour Dominique Cardon, cette campagne de 2022 ne marquera pas les annales par ses innovations numériques, mais par la radicalité des disputes et des ripostes sur les réseaux sociaux.
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